Rencontre avec la compagnie Hecho en casa

Qui es tu ? Que fais-tu ? Pourquoi le fais-tu ?

Rencontre avec les artistes de la saison pour découvrir la culture du point de vue des créateurs.

 

Durant la saison 2023-2024, la compagnie Hecho en casa rencontre les jeunes du territoire à deux reprises pour travailler avec eux leur nouvelle création qui paraîtra en 2025/2026 Nom de code : Marichiweu.

 

La saison de spectacle de la Communauté Pays Basque s’articule autour de trois axes : diffusion, création et médiation. A travers des projets menés sur le long terme, l'objectif de la CAPB est de créer le lien entre le monde artistique et la jeunesse, afin de nourrir les rêves et l’esprit citoyens par la pratique de l’art. Cette rencontre est aussi l’occasion pour les compagnies de puiser de l’inspiration auprès de jeunes, de connaître leurs envies, leurs préoccupations.

 

A l’image de cette ambition, la résidence de médiation de la compagnie Hecho en casa invite une classe de CE2 de l’école Robert Boulaert d’Hendaye à suivre le processus de création à travers des ateliers, rencontres, répétitions et lectures pendant trois ans, du CE2 au CM2, jusqu’à la première du spectacle.

 

La première étape commence du 6 au 14 novembre. Pendant cette période, la compagnie propose des ateliers de pratique aux écoliers et aux jeunes du centre social Denentzat.

 

Afin de suivre ce projet dès son lancement, nous avons proposé aux artistes de la compagnie de répondre à nos trois questions simples :

qui es-tu ? que fais-tu ? pourquoi le fais-tu ?... 

Ainsi, nous en saurons plus sur leur création et leur envie de travailler avec les jeunes.

Qui es-tu ?

 

La Compagnie franco-chilienne "Hecho en casa" implantée au Pays basque regroupe des artistes de différents horizons. Des "arrangeurs et arrangeuses d'histoires" touchent à tout : au théâtre, à l'écriture, à la danse ou à la musique. Ils expérimentent et tentent de réinventer des formes afin de secouer la réalité, en portant leurs regards sur l'humain. Au fil de leurs projets, ils écrivent, mettent en scène, jouent comme on construit sa maison pièce après pièce.

Ces agitateurs et agitatrices s'animent autant pour la recherche artistique que pour la médiation. La compagnie interroge le monde de l'enfance autour de plusieurs créations à destination des enfants et des familles. Parfois moins sage et pour les plus grands, elle souhaite explorer l'envers du décor d'une société en perpétuel mouvement.

Bienvenue chez nous, vous êtes chez vous ¡ Vous pouvez entrer sans frapper !

Que fais-tu ?

 

La pièce que nous préparons s'appelle NOM DE CODE : MARICHIWEU (Dix et mille fois nous nous relèverons).

Il s'agit d'un diptyque, une pièce de théâtre en deux épisodes, deux parties, sur le thème de la résistance. 

L'écriture du spectacle a été commandé aux auteurs Luis Barrales (Chili) et Sylvain Levey (France).

 

Imaginons une dystopie. Une société fictive dans laquelle une autorité totale est exercée.

Imaginons un grand studio de cinéma. Un espace de coulisses où technicien·ne·s œuvrent derrière le décor de films de type hollywoodien. Ils·elles sont des ouvrier·ère·s de l'industrie cinématographique et travaillent au tournage de films commerciaux collaborant à la propagande de la dictature en place.

Imaginons la volonté de ce groupe d'hommes et de femmes de faire renaître l'utopie par la création.

Imaginons qu'une résistance s'organise. Ces ouvrier·ère·s convoquent clandestinement le public pour présenter deux pièces de théâtre en prenant appui sur l’histoire du Chili. Ils·elles font du théâtre avec les moyens du bord, ceux du cinéma, lorsque le studio ferme ses portes la nuit. 

Imaginons qu’ils·elles nous racontent deux histoires de citoyen·ne·s durant les dix-sept ans de la dictature militaire d’Augusto Pinochet.

Deux choix possibles pour résister, rester ou partir ?

Pourquoi choisir le thème de la résistance ?

 

C'est lors d'un voyage d'étude en janvier 2020 dans le cadre du programme Pyrenart* lors du festival Santiago à Mil** au Chili, alors que le pays subissait une grave crise sociale, la plus importante depuis la fin de la dictature en 1990, que nous avons ressenti la nécessité d'orienter nos prochaines créations sur des questionnements liés à la thématique de la résistance.

Alors que le festival Santiago a mil battait son plein de propositions artistiques, nous assistions en parallèle à un tout autre spectacle, celui de la rue. Celui des manifestations, celui de cette explosion de colère sociale qui a frappé la capitale.

Déclenchée par une hausse du ticket de métro à Santiago, la crise a été nourrie par la colère de la population face aux profondes inégalités socio-économiques. Des revendications historiques se sont alors ajoutées, en matière d’éducation, de santé, de retraites...

Des situations préoccupantes ont été observées en matière de violation des droits de l’Homme. On estime que 22 personnes ont perdu la vie lors de différents événements. Selon l’Institut International des droits de l’homme, 3 583 personnes ont été blessées. Les traumatismes oculaires étant le cas le plus signalé publiquement.

Les manifestations sociales vont de la protestation spontanée comme les « cacerolazos » (concerts de casseroles) à l’organisation dans l’espace public de différentes formes de rencontres, parfois très créatives.

De ces observations, nous avons très vite compris que nous voulions parler de la résistance par la création et de partir de la citation de Stéphane Frédéric Hessel***, résistant, écrivain et militant : "Créer c'est résister. Résister, c'est créer".

 

Nous nous permettons de reprendre cette parole pour insister sur ce qui semble être une véritable nécessité humaniste : la créativité.

De tout temps, ce sont les histoires, les récits qui ont porté le plus puissamment les mutations philosophiques, éthiques, politiques... Ce sont donc par les récits que nous pouvons engager une véritable "révolution".

 

*Neuf établissements culturels de part et d'autre des Pyrénées se sont associés pour concevoir Pyrenart - projet sélectionné dans le cadre du programme européen Interreg POCTEFA - avec l'ambition de développer et renforcer à l'international la filière du spectacle vivant de l'espace transfrontalier pyrénéen.

**Le Festival International de Santiago a Mil est un festival d'arts scéniques qui se déroule au Chili chaque année durant le mois de janvier, principalement à Santiago du Chili. Organisé par la Fondation Teatro a Mil, depuis sa création en 1994, le festival a présenté 1 677 spectacles de 48 pays des cinq continents, qui ont réuni environ 11 millions de spectateurs.

***Cette phrase est issue d’un appel solennel lancé par des membres du Conseil national de la résistance et reprise par Stéphane Frédéric Hessel dans son essai "Indignez-vous".

Pourquoi travailler ce thème avec des écoliers et les jeunes d’un centre social ?

 

Ancré au cœur de la création, la médiation culturelle, est un véritable ADN de notre démarche.

C’est une occasion d’interroger le thème de la résistance avec un public plus large sur un territoire qui fait sens au projet.

C’est mener une réflexion autour de différentes questions :

  • C'est quoi résister ?
  • De quoi sommes-nous capables pour résister ?
  • Résister à quoi, à qui ? Et faut-il résister ?

C’est transmettre nos recherches par la pratique et se nourrir de la matière des enfants, des jeunes, des enseignants ou des animateurs.

C’est associer au long cours une classe partenaire sur trois années pour grandir avec ces élèves et les joindre au processus de création et la fabrication d’un spectacle. Tout en permettant la découverte de toutes les étapes : de l’écriture de la pièce à la réalisation finale.